Bitcoin, monnaie et école autrichienne : la vision de Yorick Mombynes

L'écosystème des cryptomonnaies est en constante évolution, mais certains fondamentaux restent cruciaux pour comprendre les enjeux de la décentralisation financière. Parmi eux, Bitcoin occupe une place de choix, non seulement en tant que première cryptomonnaie, mais aussi en tant que projet philosophique et économique. Pour décrypter les implications de Bitcoin, il est essentiel de se pencher sur l'école autrichienne d'économie, un courant de pensée qui remet en question les fondements de la théorie monétaire moderne.

Yorick De Mombynes, magistrat à la Cour des Comptes, s'intéresse particulièrement à ce lien entre Bitcoin et l'école autrichienne. Son analyse offre un éclairage précieux pour appréhender les enjeux de la décentralisation financière et les défis auxquels est confronté le système monétaire actuel.

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L'école autrichienne : fondements et vision de la monnaie
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L'école autrichienne est un courant de pensée économique né à la fin du 19e siècle à Vienne. Elle se distingue des autres écoles par sa méthodologie unique, qui privilégie la déduction logique à partir d'axiomes fondamentaux sur la nature humaine, plutôt que l'expérimentation empirique.
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"À partir du 20e siècle, la plupart des courants de pensée de l'économie ont considéré que la science économique devait suivre les méthodes des sciences de la nature [...] Et les Autrichiens sont les seuls qui disent non, c'est une très mauvaise idée".

Cette approche conduit les Autrichiens à une vision particulière de la monnaie. Ils la considèrent comme un intermédiaire d'échange qui doit être neutre et non manipulable par le pouvoir politique. Selon eux, l'État a historiquement accaparé l'institution de la monnaie, la dévoyant à son profit et créant des désastres économiques.
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"Il faut revenir à l'essence de la monnaie qui est d'être un intermédiaire d'échange qui ne soit pas politisé, qui ne soit pas manipulable par le pouvoir politique".

Dans cette perspective, l'idéal autrichien est une monnaie désétatisée, c'est-à-dire une monnaie dont l'émission et la gestion ne dépendent pas de l'État. C'est là que Bitcoin entre en jeu.
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"Ensuite arrive Bitcoin qui est une monnaie non manipulable ou une quasi-monnaie ou quelque chose qui peut devenir une monnaie qui, visiblement, n'est pas manipulable par les États. Donc, c'est une rupture historique absolue".

Bitcoin : une application concrète des principes de l'école autrichienne ?
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Bitcoin est souvent perçu comme une potentielle réalisation de l'idéal autrichien de désétatisation de la monnaie. Son caractère décentralisé, sa résistance à la censure et sa quantité limitée en font un actif potentiellement à l'abri des manipulations étatiques.

Cependant, cette vision n'est pas partagée par tous les économistes autrichiens. Certains restent sceptiques quant à la capacité de Bitcoin à devenir une véritable monnaie, soulignant sa volatilité et les défis liés à sa scalabilité.

Malgré ces réserves, Yorick voit en Bitcoin un espoir concret de réaliser l'idéal autrichien.
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"Quand moi, j'ai identifié ça, je me suis dit mais voilà, là, il y a vraiment un espoir de réaliser cet idéal autrichien concrètement".

Découvrez notre article sur notre échange avec Eric Larchevêque autour de Bitcoin
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Concurrence et monopole : l'approche autrichienne et les implications pour Bitcoin
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L'école autrichienne se distingue également par sa vision de la concurrence. Contrairement à d'autres écoles de pensée, elle ne considère pas que l'État doit intervenir pour imposer la concurrence. Au contraire, les Autrichiens sont critiques envers les politiques antitrust, qu'ils considèrent comme une entrave à la liberté d'entreprendre.
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"Les Autrichiens estiment que la concurrence est quelque chose de bénéfique mais ils ne considèrent pas que ce soit du rôle de l'État d'imposer la concurrence par des moyens coercitifs sur des acteurs privés".

Ce concept de concurrence est particulièrement pertinent dans le contexte de Bitcoin et des cryptomonnaies. L'existence de nombreuses cryptomonnaies crée une concurrence monétaire, où chaque actif numérique cherche à s'imposer comme moyen d'échange et réserve de valeur.
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"Le plus important finalement, c'est le mariage entre ces deux thèmes : c'est la concurrence des monnaies, la concurrence monétaire".

Bitcoin face aux États : réserves stratégiques et géopolitique
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L'idée que les États pourraient constituer des réserves stratégiques de Bitcoin suscite un débat passionné. Si certains y voient un signe d'adoption et de légitimation de Bitcoin, d'autres, comme Yorick, y voient un risque de contradiction avec l'idéal de décentralisation.
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"L'idéal du bitcoin c'est que chaque individu puisse détenir ses propres bitcoin pas que ses dirigeants politiques gèrent une quantité de bitcoin collectif".

La question de Bitcoin s'inscrit également dans un contexte géopolitique, notamment avec la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Certains acteurs politiques, comme Donald Trump, appellent à s'emparer de Bitcoin avant que la Chine ne le fasse. Cependant, Yorick estime que la priorité des États devrait être d'assainir leur propre gestion et de favoriser l'innovation.
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"La priorité des Etats même quand on raisonne en termes géopolitiques c'est simplement d'assainir leur propre gestion d'être plus respectueux des droits de leurs citoyens de favoriser l'innovation".

Conclusion
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L'école autrichienne offre un cadre d'analyse pertinent pour comprendre les enjeux de Bitcoin et de la décentralisation monétaire. Elle nous invite à repenser le rôle de l'État dans la sphère monétaire et à questionner les fondements du système économique actuel.

Les questions soulevées par Bitcoin sont complexes et nécessitent une réflexion approfondie. L'avenir de la monnaie et de l'économie dépendra de la manière dont nous saurons y répondre.
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"Je conseille à tout le monde de lire un peu l'école autrichienne et de ne pas trop se laisser influencer par les opinions des gens qui critiquent l'école autrichienne sans en avoir lu une ligne".

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